Au petit matin…
Aras rouge (Ara macao)
Non contents de crapahuter des heures en forêt durant la journée, Anaïs et moi avons poussé le vice en ajoutant à cela quelques virées sur les pistes à l’aube ou au crépuscule. Et parfois, ça paye. Ceci dit, heureusement qu’il y a un an de boulot ensuite pour pouvoir se reposer de ses vacances…
Voilà à quoi ressemblait une journée-type : debout vers 7-8 heures, petit-déjeuner au camp entouré de quelques colibris, puis départ à 8 heures les bons jours, 10 heures passées les matins endormis ; direction un layon forestier à quelques kilomètres de là. Après un petit casse-croûte en forêt (invariablement un sandwich pâté-pain de mie, la seule nourriture qui supporte un tant soit peu le climat), retour au carbet en fin d’après-midi, pour une petite douche glacée (pas tous les jours non plus, faut pas abuser), toujours accompagné de colibris. Pour finir, repas au camp vers 20 heures pour enchainer parfois avec une chasse de nuit au piège lumineux, parfois jusqu’à fort tard dans la nuit.
Mais le problème de ces journées bien remplies, c’est que toute la partie « jungle » se déroule aux heures les plus chaudes de la journée (en gros, 10h-17h), ce qui n’est pas toujours propice aux rencontres animales. C’est pourquoi Anaïs et moi ajoutions parfois à ces journées déjà bien chargées quelques « tours de pistes » aux heures plus fraiches. En effet, plusieurs pistes partent de la route non loin du camp, permettant de rejoindre auparavant des layons forestiers, maintenant servant plus de terrain de jeu pour les chasseurs du dimanche. Ces pistes permettent ainsi de s’enfoncer assez loin dans la forêt en peu de temps, si la piste n’est pas trop en mauvaise état du moins : nous nous sommes souvent retrouvés bloqués par un tronc en travers de la route, ou encore une rivière ; et là, bien difficile de faire demi-tour quand une voiture a à peine la place de passer. Pour ceux qui n’ont pas grand-chose à faire de leur journée (collègues chômeurs, je vous salut !) et qui veulent voir à quoi ressemble ce type de virée, voici une longue et ennuyeuse vidéo vous plongeant dans notre voiture résistant tant bien que mal aux trous, bosses, flaques, branches, troncs, ou cailloux parsemant notre route.
Rien qu’en restant tranquillement derrière le volant, de nombreuses rencontres ont été faites, en particulier le soir. Agoutis traversant la piste, oiseaux marcheurs (tinamous ou agamis), et de nombreux serpents profitant de la chaleur dégagée par la piste. Pour ne pas trop avoir l’impression d’être à Thoiry, une fois enfoncé d’un ou deux kilomètres, une petite marche à pied permet de voir d’autres espèces, notamment des oiseaux. Pour ces derniers, c’est le matin à l’aube qu’ils sont le plus actifs.
Nous voilà ainsi partis un matin juste avant le lever du jour, c’est-à-dire peu avant 6 heures. Après avoir fait un peu de piste en voiture, nous nous garons pour continuer à pied. A cette heure là, se balader en forêt est très agréable, mis à part la fatigue : toute la jungle se réveille peu à peu dans une ambiance très particulière, c’est aussi le chassé-croisé entre les espèces nocturnes et diurnes. Après avoir croisé un petit écureuil (malheureusement, il faisait encore trop sombre pour la photo), nous débouchons sur une grande clairière signifiant la fin de la piste. C’est sur un des grands arbres bordant cette clairière que nous voyons deux superbes aras rouges (ou ara macao) se poser. Et c’est à ce moment qu’Anaïs a appris sa plus belle leçon élémentaire de photographe : avoir un appareil photo, c’est bien. Avoir chargé les batteries, c’est mieux. Bien entendu, le temps d’aller chercher les batteries de rechange restées dans la voiture garée à un kilomètre de là, les aras s’étaient envolés.
Mais quand on connait un tant soit peu la faune, rien n’est perdu ! Deux jours plus tard (nous évitions de faire ces levers à l’aube tous les jours, pour des raisons évidentes de fatigue !), nous décidons de retourner au même endroit, à la même heure. En effet, de nombreuses espèces, en particuliers chez les oiseaux, ont leurs petites habitudes quotidiennes. Après avoir recroisé l’écureuil quasiment au même endroit, nous retombons sur la clairière, vide. Nous persévérons et attendons quelques minutes. Patience récompensée par les cris si caractéristiques (et à la beauté inversement proportionnel à celle du plumage) de deux aras se posant sur le même arbre. Armée d’une flopée de batteries chargées à bloc, Anaïs n’a plus eu qu’à mitrailler les volatiles, lorsque ceux-ci daignaient bien arrêter de se cacher derrière les branches.
En plus du problème de la faible luminosité du petit jour (qui oblige à monter les ISO, mais qui offre aussi une des meilleures lumières pour de l’animalier), le plus gros souci était bien entendu la distance. Pour des oiseaux faisant presque un mètre de long, photographiés au 500 mm, on aurait aimé voir de bien plus près ces magnifiques oiseaux. Après moult discussions sur la photo obtenue, nous avons finalement décidé de la publier quand même. A vous de dire si nous avons eu raison !
Yann
Alors la vidéo, c’est le projet Blair Witch en Guyane : on s’attend à ce qu’un jaguar surgisse et saute par la fenêtre pour vous éviscérer, les ombres sont flippantes… mais on termine sur une Anaïs tout sourire… pas vraiment le film d’horreur… Oui vous avez eu raison de publier la photo car la lumière sur le tronc d’arbre vaut le coup (en plus de l’ara évidemment, même s’il est loin). Pour les petites habitudes des animaux, c’est marrant… on pourrait croire qu’ils varient un peu pour ne pas être dévorés par des prédateurs patients et qui ont un peu de jugeote. Et l’apéro dans votre emploi du temps alors?? Question pratique : vous aviez l’eau courante au camp ?
Bah l’apéro, c’est universel, juste avant le repas! Pour ce qui est de l’eau courante au camp, il y a un système de récupération de l’eau de la rivière qui passe à coté. Donc eau courante, oui (pour douches et toilettes), mais non potable…
Oui j’ai aussi noté que Yann n’a pas parler du tu’punch mais pourquoi donc???
Nous avions l’eau courante au carbet… en fait il y a une petite rivière (ou crique) appelé Patawa au bas du carbet du même nom. Les propriétaires qui sont fabuleux ont donc fait une retenue d’eau qui nous sert de source pour l’eau courante. On utilise cette eau notamment pour la douche et parfois pour boire.